Ronchonner

Je n’ai besoin de rien sinon de mon mal être
Je me prive de tout sauf de récriminer
Je me passe de maître et de subordonné
Je méprise les portes et boude les fenêtres
La rosée du matin suffit à me repaître
Mais jamais non jamais j’me pass’rai d’ronchonner.

Quel pied l’soir de Noël de lécher les vitrines
En in-pettoïsant Les cons Comment peut-on?
De longer sans désir l’ersatz et la fuschine
Et cerné par les cris et les rots au dindon
De vous compisser tous en beurrant sa tartine
Et s’répétant Pas d’main la veill’ qu’ils m’invit’ront.

Délectables jours d’août où la foule en folie
S’envole à vingt à l’heur’ ousqu’on peut fair’ trempette
Rissoler à feu doux et s’aimer sans toilette
Ô vous laisser les rout’ et savourer sans bruit
Ayant coupé l’turlu et poussé la targette
Le plaisir de péter et d’pester dans son lit!

Et la joie des dimanch’ où le coeur plein d’espoir
Vous changez de fripouill’ au fond de l’isoloir
À déposer aux chiottes un bulletin qui fouette
Tout en scandant Allez Machin sur la lunette
Fourre-t-en plein les poches et quoi que tu projettes
J’en connais un au moins qui n’se f’ra pas avoir!

Vingt-deux ân’ en crampons? C’est pour avoir du son
À vous plutôt le prix, vous dont le slip s’inonde
Quand votre équipe a mis le pied sur le ballon
Mêm’ les fill’ à présent qui s’mett’ au diapason
Ah mes rues nettoyées par la coupe du monde
Comme le pas y sonne, et comme on s’y débonde!

Vos conn’victions sucées dans l’fumier des média
Vos Moi j’pense À mon sens En fait Les Vraies Valeurs
Dugland est un perdant et Dubeurre un gagneur
Vilains paparazzi Infortunée Diana
Les Nazis sont par-ci les Fachos sont par-là
Vous m’fait’ marrer connards sauf les jours où j’en pleure.

Et je m’en vais deçà delà tout ronchonnant
Jean sans terre et sans toi(t) sans foi sans aptitudes
Prince des Emmerdeurs chassé par les manants
Dans les vents oublieux clamant mon aigritude
Et montant un palais de sombres certitudes
Sur de bell’s oubliett’ où loger mon néant.